« Maman dit que tu es un imbécile et que ta blonde c’est une salope.»

« Maman dit que tu es un imbécile et que ta blonde c’est une salope.»

Trop souvent, dans le cadre de notre pratique en droit de la famille, des clients nous rapportent des propos méprisants que l’autre parent tient à leurs endroits et qui leur sont malheureusement rapportés par leurs enfants. Il va sans dire que cette manière de parler de l’autre parent a des conséquences néfastes sur les enfants, mais il y a plus. Un parent qui n’est pas en mesure de surmonter les émotions négatives de la rupture et qui parle en mal constamment de l’autre parent pourrait perdre la garde de ses enfants.

 

Lorsque des parents se disputent la garde de leurs enfants, plusieurs aspects doivent être analysés. Le premier aspect qui doit être considéré est la capacité parentale des parents. Le parent qui a les meilleures capacités parentales, lorsque tous les autres critères sont rencontrés, se voit accorder la garde des enfants.

 

Les compétences parentales c’est en somme la capacité des parents à répondre aux besoins primaires d’un enfant, notamment au niveau de son éducation, de ses soins, de son développement, de son hygiène, de son alimentation ou encore de sa routine de vie.

 

La capacité parentale des parents est rarement associée à des comportements douteux, tels que les propos dénigrants ou les commentaires désobligeants, qu’un parent tient à l’endroit de l’autre parent. Nous avons plus souvent tendance à penser que la capacité parentale s’analyse seulement en regardant la relation qu’un parent a avec son enfant, de sorte que l’analyse de la relation d’un parent envers l’autre est oubliée. Or, cette dernière est importante, voire même déterminante dans une situation où le Tribunal doit prendre une décision quant à la garde des enfants.

 

En effet, le parent qui s’occupe bien au quotidien des soins et de l’éducation de son enfant, mais qui adopte par ailleurs devant ou en présence des enfants un comportement dénigrant, qu’il pose des gestes empreints de mépris ou d’indifférence, qu’il emploie un langage vulgaire lorsqu’il parle de l’autre parent ou qu’il tenterait même de faire obstacle sans raison à des contacts de l’autre parent avec l’enfant, pourrait présenter des déficiences dans ses capacités parentales.

 

Ainsi, puisqu’il est important dans l’analyse globale des capacités parentales d’observer après la rupture la relation des parents entre eux et d’analyser leur volonté ou non de continuer d’interagir dans l’intérêt de leurs enfants, vos paroles et vos écrits, messages textes et courriels, pourraient être analysés par un Tribunal.

 

Pour le meilleur intérêt de vos enfants avant tout et pour démontrer vos bonnes capacités parentales, vous aurez compris qu’il faut garder en tête que les enfants ont besoin que leurs parents soient capables à tout le moins de s’adresser un à l’autre avec respect, et ce, peu importe les circonstances de la rupture.

 

Droit de la famille 171821, 2017 QCCA 1141

 

par Me Annie-Élizabeth Girard